Mes interventions en entreprise m'ont conduites à prendre conscience de l'ampleur de l'omerta en entreprise. Or, si les salariés pouvaient raconter aussi librement ce qu'ils font au travail que ce qu'ils font dans les autres pans de leur vie sociale, bien des problèmes seraient évités ou précocement résolus. Les abus de managers ou de collègues indélicats seraient rapidement circonscris et l'on ne verrait pas ces conséquences majeures qui ont pour noms : burn-out, suicides, pollution, problèmes de santé publique, assèchement des ressources publiques, obsolescence programmée...


Pour occulter ce qu'elles peuvent comporter d'agissements socialement condamnables, les grandes entreprises font assaut de discours vertueux, sur-communiquent sur leur engagement sociétal, influencent les législations, font couvrir leurs pratiques par le droit (loi sur le secret des affaires, 2018), poursuivent en justice les lanceurs d'alerte.


Mais ce fait demeure : aucune dérive managériale ne serait possible dans la durée s'il ne se trouvait des salariés, de simples salariés qui acceptent de collaborer. Comme beaucoup d'autres, ils acceptent de faire, de laisser faire et de se taire. A quand une libération de la parole, dans ce domaine aussi ?